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L'Angle

Réflexions diverses, sensibilisation, éducation, vulgarisation, partage, débats, humours etc...

Les Komokyèl à Fermathe 52 (la descente)

Un baigneur sous la grande chute

Un baigneur sous la grande chute

À Port-au-Prince, la chaleur et le bruit sont étouffants. C'est l'été, on est en plein mois de Juillet. Les bus de transport en commun sont bondés et partent vers les villes de provinces. Ceux de l’arrière-pays ne ratent jamais l’occasion de se dérober de l’atmosphère pollué et bruyant de la ville. Ils partent vers des bourgs et sections communales, qui sont parfois de véritables havres de paix et de fraîcheur. Les autres qui ont coupé les liens avec les provinces et nous autres qui sommes originaires de la capitale, avons aussi des échappatoires : soit les plages au Sud et au Nord de Port-au-Prince, soit les chutes et cascades avoisinantes.

Il est 9h AM, un petit groupe de ‘’komokyèl’’ se sont donné rendez-vous à Pétion-ville pour une randonnée à la cascade de Fermathe. Quelques-uns y sont déjà allés, cependant l’excitation est forte. Sur place nous sommes 7 et comme toujours, il y des retardataires !!! C’est pas la faute à Jenn, elle ne connait pas la gare ! Ce n’est non plus la faute à Micker, elle a veillé tard. Mais curieusement, cela fait 30 mn qu’elle dit être presque qu’arrivée – Aaah, la magie du téléphone portable -. Tout le groupe est impatient, on sait que la route est longue, mais le petit moment de détente qu’on va vivre, vaut vraiment la peine. On s’approvisionne en eau, en nourriture et autre amuse-gueule. Enfi Micker est là, elle et deux fillettes ! Nous sommes désormais 11, l’escouade est donc prête à partir.

Nous sautons dans un bus en direction de Fermathe. En route, Jenn et Micker se racontent leurs prouesses de la semaine - genre délires de filles, nous les hommes nous n’y comprendrons jamais rien. Ce genre de chose ne rentre pas dans notre calebasse –. Noah est somnolente et ma petite sœur Christelle est ailleurs (comme toujours). Amos, Farah et sa cousine sont silencieux comme une forêt. Entre-temps, moi et Keth commençons à grignoter quelque truc. J’ai un petit creux – ouais, ça m’arrive à moi aussi, mais Keth !! Aaah ma bonne Keth, elle grignote tout le temps, et vous n’imaginerez jamais sa taille… Euh, elle mange tout le temps, genre comme un sumi, mais elle est maigre ! Fine ! Fluette ! Aa ah, beaucoup de femme l’envient. Elle mange une montagne et ne grossi pas d’un caillou.

La circulation vers Fermathe est fluide – oui, fluide. On va à Fermathe pas à Carrefour ! – le trajet ne dure que 20mn. Tout le monde descend et nous attaquons directe la descente vers le lit de la rivière (ti boukan). En bon citadins avisés, nous envoyons des bonjours en veux-tu en voilà, à tous les riverains que l’on croise sur notre passage – nous ne voulons pas nous faire manger hein, non, non, non !- une fois que nous avons passé la partie habitée, nous abordons la pente abrupte, et nous apercevons le lit de la rivière en contre bas. Elle est bordée de verdure, et le panorama est splendide. Le flanc des collines est entrecoupé de jardin de poirot – l'une des cultures principale de la zone – Nous apercevons aussi les parcelles de cressons à même le lit de la rivière. Amos prend la tête du peloton, il disparait dans les buissons en contre bas. La pente est raide, si raide que Christelle et Jenn ressentent déjà des tremblotements dans les jambes – « podyab yo, yo pa konn sa kap tann yo, hi hi hihi » me dis-je tout bas. Moi non plus je ne savais pas ce qui m’attendait – euh, nous attendait -.

Quelques planteurs de la zone ont eu un éclair de génie – un bref éclair, en vérité -. Ils ont décidé de tirer profit du potentiel de la cascade (chose tout à fait correcte en soi). Ils ont rafistolé une espèce de portail en bois, ils ont pioché la pente à quelques rares endroits (tout près du portail) prétextant construire la route menant au lit de la rivière, et réclament 25 gourdes par personne. – je le redis, si les habitants de Fermathe 52 décident d’exploiter les potentiels de la cascade, c’est une chose toute à fait correcte -. Mais après un bref coup d’œil à la Lieutenant Colombo, j’ai découvert le pot au rose, et je décide de ne pas me laisser avoir. Je vous explique :

  1. Ils ont placés leur « stargate » dans la partie la plus basse et la plus abrupte de la pente – dissuasion !! Vous serez plus porter à payer que de revenir sur vos pas.
  2. La terre retournée est très fraiche, peu profonde, donc piochée à la hâte.
  3. Un autre habitant, allant vers la rivière dit avoir déjà payé. Fort de ces constats, je décide de jouer la carte du « m pat konnen ».

Mais Keth, quoique frêle est vive d’esprit, me devance et lance : nous étions là la semaine dernière et nous n’avions pas eu à payer le passage. Ils rétorquent : oui, mais vous voyez que avant la route n’était pas construite. Je reviens à la charge avec Keth : si nous vous payons les 25g par tête, nous n’aurons pas les moyens de rentrer chez nous. Les échanges continueront encore pendant 5 bonnes minutes et nous en sortiront victime, car nous paieront 15g par tête. – ah laissez tomber vos carapaces, vous aurez cédé vous aussi-.

Nous foulons maintenant le lit de la rivière. Le soleil brille de mille feux, le lit de la rivière est asséché, il est une grande étendue de roche blanche qui s’étend tel un couloir vers Port-au-Prince. Jenn croit qu’on y est, Christelle dit qu’elle n’ira pas plus loin pourtant la randonnée ne faisait que commencer.

 

À suivre

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